À la veille du 10 mai 2015, journée de commémoration de l'abolition de l'esclavage, Ernest-Antoine Seillière, ancien président du Medef et du groupe Wendel, a été assigné en justice pour ses liens avec la traite négrière par le Conseil représentatif des Associations noires de France (CRAN). "La fortune est en bonne partie issue de la traite négrière", mais aussi "solidairement contre le fonds Wendel", pour "demander réparation" au nom des victimes de l'esclavage et de la traite négrière.
Le CRAN ayant "tenté en vain d'établir un dialogue avec le baron Seillière qui n'a pas abouti, a donc choisi la voie judiciaire", a expliqué son ancien président, Louis-Georges Tin. "Les descendants des esclavagistes ne sont pas coupables mais ils sont bénéficiaires et leur fortune est faite de biens mal acquis", a-t-il souligné. "Et en refusant toute réparation, ils deviennent solidaires de fait du crime dont ils essaient de se démarquer en vain", selon Louis-Georges Tin.
Lors des commémorations du 10 mai, le CRAN avait décidé l'an dernier d'interpeller de grandes institutions financières à propos de leurs liens historiques avec la traite négrière. Il avait cité comme exemple Demachy-Seillière, un fonds d'investissement fondé par la famille Seillière de Laborde, propriétaire au XVIIIème siècle "de trois plantations dans l'ancienne colonie française Saint Domingue, (devenue Haïti, NDLR) et de vaisseaux négriers ayant déporté des esclaves, hommes, femmes et enfants, d'Afrique vers les Antilles", selon le CRAN.
(Source: l'Humanité, "Traite négrière")
Le groupe Wendel a répliqué dimanche 10 mai par un communiqué à cette assignation en justice. Il annonce qu'il réserve ses droits de demander réparation. Ayant appris "avec stupéfaction être l'objet d'une assignation en justice pour de supposés 'liens avec la traite négrière, pour complicité de crime contre l'humanité et recel de crime contre l'humanité'", il "réfute avec la plus grande fermeté ces accusations sans aucun fondement" et assure: La traite négrière n'est et n'a jamais eu aucun lien historique, économique ou intellectuel avec la société Wendel". Il "réserve tous ses droits de demander réparation de ces ignobles accusations".
(Source: l'Obs, "Esclavage : pourquoi le CRAN assigne le baron Seillière en justice")